séance septembre 2024

 

 

ETUDES DE GENRE (Panel 1) - ART ET EMOTION (Panel 2)

 

20 septembre 2024 – 13H00 -16H45

 

Journée d'études virtuelle "Rendez-vous du savoir Humanités" de DIRE ( TV Réunion)

 

Inscription préalable obligatoire pour assister à cet événement. Merci de vous inscrire à l'aide du lien ci-dessous  

 

 

Université de La Réunion

  

Cette première séance du 20/09 comportera deux panels. Le premier amorcera une série de séminaires sur les études de genre. Le second sera consacré à la problématique qui relie art et émotion.  

Réunion
Paris
PANEL
Prénom NOM
 
TITRE CONFERENCE
 
13H00
11H00
Généralités
Françoise Sylvos, PR, Université de La Réunion
 
Introduction au séminaire théorique et méthodologique
13h15
11H15
Etudes de genre
Florence Pellegry, MCF, Université de La Réunion
 
Introduction aux séances sur les études de genre
13H30
11H30
Etudes de genre
Lise Segas,  MCF, Université
Bordeaux-Montaigne
 
 
Discutante:
Camila Arêas, MCF, Université de La Réunion
 
 «Étudier les musiques populaires depuis une perspective intersectionnelle : le cas de la champeta dans la Caraïbe colombienne »
 
 
 
 
 
 14h15
 12h15
 
 
PAUSE
14H30
12H30
Art et émotion
Françoise Sylvos
 
Introduction 
14H45
12H45
Art et émotion
Alexandre Gefen (Directeur de recherches, Lettres modernes, UMR7172/Thalim)
 
Discutante: Bénédicte Letellier, MCF, Université de La Réunion
 
 
« Qu’apporte l’étude des émotions à la recherche sur les textes littéraires ? »
       
 
15H45
 
13H45
 Art et émotion
 Pauline Hachette (Chercheuse associée en Lettres modernes, Paris 8)
 
Discutante: Monica Cardenas-Moreno, MCF, Université de La Réunion
 
 
 
 « L’effet d'affect»
 

 

PANEL 1 : Etudes sur les femmes et le genre en lettres et sciences humaines : 

porteuses de projet: Monica Cardenas-Moreno et Florence Pellegry

 

Présentation générale: 

 

Cette série de manifestations scientifiques aborde les études sur les femmes et le genre, tant d'un point de vue théorique que méthodologique. Sur le plan théorique, chaque séance  permettra de réfléchir au développement d'une notion clé (le genre, l'intersectionnalité, les féminismes, les maternités, les masculinités, la subalternité…), ou à  la pensée de théoriciennes et de théoriciens (Simone de Beauvoir, Julia Kristeva, Judith Butler, Rita Segato…), ou encore aux  courants représentatifs de ce champ de recherches et d’études (le féminisme décolonial, l'écoféminisme, le féminisme et les arts, les études sur les masculinités…). 

D'un point de vue méthodologique, l'objectif sera de présenter des études de cas où la théorie s’articule avec une discipline des lettres et des sciences humaines telle que l'histoire, la sociologie, la littérature ou la linguistique. Les perspectives croisées dans ce domaine d'études depuis différentes aires géographiques (études en France et à La Réunion, dans le monde anglophone et hispanophone) constituent un atout majeur de ce séminaire. 

Ce projet s’insère dans le Séminaire méthodologique et théorique transversal porté par le laboratoire de recherches DIRE de l’Université de La Réunion.  Il a notamment pour objectif de mettre en avant de nouvelles perspectives de recherches et de donner des pistes de réflexion aux jeunes chercheurs ( niveau Master et Doctorat) qui s’intéressent aux études sur les femmes et le genre.

 

PANEL 2 : Art et Emotion

porteuse de projet: Françoise Sylvos


Présentation générale: 

 

Dans un monde complexe et surexposé aux images, comprendre comment les œuvres d'art agissent sur les émotions est essentiel. L'art revêt une fonction sociale prépondérante. Les recherches sur l’émotion dans l’art permettent de dépasser une approche purement intellectualiste de la critique et elles ont des enjeux humanistes. Evacuer ses émotions devient vital, comme le montre Pauline Hachette dans son article sur la nature hétérotopique des espaces de défoulement autorisé. Non contents de dénoncer les injustices et de susciter le changement social, les émotions créent la catharsis. Prendre conscience de cet effet salutaire a permis la naissance de l'art-thérapie, qui utilise les émotions suscitées par l'art pour permettre le bien-être et la guérison (voir par exemple la convocation du psychodrame dans le préambule d’Une tempête de Césaire, pièce extériorisant les relations agonistiques en milieu colonial). Cela n’est pas nouveau, si l’on pense aux anciens traités de médecine où est évoqué le rôle favorable de la danse vis-à-vis des mélancoliques et à l’art-thérapie par l’écriture mise en place par les cliniciens, depuis le docteur Blanche jusqu’à Lacan.

L’esthétique est inventée par Baumgarten au XVIIIe siècle, après que les philosophes grecs antiques ont interrogé la question de la beauté. Théorisée au XVIIe siècle par le pseudo-Longin dans son traité du sublime, au XVIIIe siècle par Burke et Kant, au XIXe siècle par Hegel, elle interroge la manière dont les œuvres d'art suscitent des affects. L’esthétique, envisagée du côté du créateur, est l’art des effets. Au-delà des traditionnelles questions de beauté, de forme et de contenu pensées en termes de goûts et de normes par la rhétorique et la poétique, les études récentes mettent en évidence le rôle primordial des émotions dans la réception artistique.

Joie, sourire, rire, tristesse, peur, angoisse ou colère ? L’esthétique s’intéresse aux effets divers produits sur le public par l’art, les écrits de toutes sortes (journalisme, propagande, publicité) et par la littérature. Des effets plus complexes comme le sublime ou la catharsis sont décrites par l’esthétique. 

Elle s’intéresse à la manière dont les émotions sont produites par l'œuvre d'art. L’un des enjeux contemporains de la question repose sur les technologies actuelles, qui offrent de nouvelles possibilités pour créer des œuvres d'art interactives et immersives. 

L’esthétique s’interroge sur le rôle des émotions dans la compréhension et l'appréciation de l'œuvre. D’après Alexandre Gefen, philosophe et théoricien de l'art, l'émotion est étroitement liée à la cognition.

Un autre questionnement s’attache à déterminer si l’émotion est un critère de qualité artistique et à se demander quelle est la place de l'émotion dans le jugement esthétique. Alexandre Gefen considère l'émotion comme un médiateur entre l'œuvre d'art et le spectateur.

Quelle fonction pragmatique revêt l’émotion ? Dans Les tragiques, l’utilisation de l’horreur par le poète baroque Agrippa d’Aubigné a pour but d’endoctriner les lecteurs en faveur du protestantisme. Les imagines agentes, scènes littéraires théâtralisées et d’une grande acuité sur le plan émotionnel, ancrent la mémoire du message implicite que l’auteur veut transmettre. L'art suscite des émotions et influence les opinions et les comportements. De même, au début de son ouvrage Mémoires d’un industriel de l’an 2440, le réformateur social Saint-Simon explique l’intérêt de la mise en fiction par le pouvoir de sympathie que revêt son personnage.

Cette séance s'adresse à tous ceux qui ont à cœur de maîtriser leur outillage critique et de remettre à jour leur méthodologie.

Bibliographie sélective:

  • Burke, Edmund, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du beau et du sublime, 1757/1759.
  • Hachette, Pauline, « Des espaces émotionnels cathartiques pour nos vies affectives », Turbulences, n° 44, 2021, pp. 85-105.
  • Hegel, L’esthétique, 1835.
  • Kant, Emmanuel, Critique de la faculté de juger, 1790.
  • Sibley, Frank, Approche de l’esthétique, Vrin, 2018.

  

Résumés des interventions: 

 

Alexandre Gefen, « Qu’apportent les émotions à l’étude des textes littéraires ? »

Les sciences affectives mettent l'accent sur les aspects émotionnels et cognitifs de l'expérience littéraire, enrichissant l'étude de la littérature auparavant centrée sur l’œuvre et son auteur. Elles soulignent le rôle des émotions dans la réponse littéraire et les processus cognitifs impliqués dans la lecture et l'interprétation des textes. Cette approche interdisciplinaire a le potentiel d’approfondir notre compréhension de la manière dont la littérature affecte les lecteurs et les implications culturelles et sociales plus larges des œuvres littéraires. Elles consonnent avec une vision de la littérature centrée sur son lecteur et les effets du texte.

À travers un parcours des principales thématiques des sciences affectives et d’un certain nombre de concepts clés (l’empathie, la catharsis, le pathos, les larmes, etc.) on proposera de montrer les apports du tournant affectif de la théorie et de l’histoire littéraires.

Pauline Hachette, « L'effet d'affect » 

Le tournant affectif des études littéraires est fréquemment présenté comme un après-coup du moment structuraliste des études littéraires. Aux formalismes évacuant le sujet, a succédé la nécessité de réintégrer les composantes sensibles et subjectives du texte, ce qui, combiné aux progrès des sciences neurocognitives notamment, explique l'importance de cette question depuis trois décennies. 

Nous héritons pourtant de ce moment théorique de la littérature et les sciences du langage, de la linguistique à la sémiotique, ont cherché elles-mêmes à se doter d'outils pour étudier les émotions en langue. C'est sur cette question de la construction de l'effet d'affect dans le texte littéraire, à rebours d'une conception naturalisante des émotions, que nous aimerions nous pencher. 

Lise Segas, « Les musiques populaires depuis une perspective intersectionnelle: le cas de la champeta dans la Caraïbe colombienne» 

La champeta est un genre musical et un phénomène culturel originaire des quartiers populaires des grandes villes de la Caraïbe colombienne (Cartagena, Barranquilla). Comme nombre de genres populaires urbains afro-américains (reggaetón, rap...), la champeta a été victime d'un discours généralisé de dépréciation et de marginalisation qui a pointé entre autres aspects sa violence, son immoralité et sa misogynie. Toutefois, ces remarques accusatoires pourraient s'appliquer à tous les domaines des arts et des sciences, comme l'ont fait remarquer plusieurs spécialistes: le rock n'a-t-il pas un discours misogyne et violent ? Les opéras classiques ne présentent-ils pas un monde misogyne et violent ? Cibler par ces discours des genres musicaux issus de classes populaires racisées révèle un biais idéologique qui ne relève pas que de l'appréciation musicale, bien au contraire: la marginalisation sociale et raciale de ces secteurs de la société contribuent à renforcer ces discours formulés depuis des instances légitimantes (presse, institutions culturelles, Université). 
Dans le cas des femmes qui cherchent à s'affirmer en tant qu'artistes de ces genres musicaux, la situation est encore plus complexe car elles sont confrontées à une marginalisation supplémentaire relative au genre. Nous verrons donc dans quelle mesure il est important de considérer le genre comme catégorie d'analyse couplée à d'autres catégories comme la race et la classe pour comprendre les rapports sociaux et de pouvoir en jeu dans le monde musical, notamment populaire, et auxquels sont confrontées les femmes et les minorités lgbtqi+. Cela relève de l'intersectionnalité conceptualisée par Kimberlé Crenshaw (1989). 

 

Eléments biographiques:

 

Mónica Cárdenas Moreno

Maîtresse de conférences à l’Université de La Réunion (unité de recherche DIRE), elle s’intéresse à la relation entre genre et littérature ; ainsi qu’entre littérature et mémoire en Amérique hispanique pendant les XIXe, XXe et XXIe siècles. Elle a publié différentes éditions critiques de la littérature latino-américaine du XIXe siècle et publications collectives, parmi lesquels, le n° 8 de la revue TrOPICS [Femmes et conflits dans le monde hispanique et hispano-américain (XIXe-XXIe siècles) https://tropics.univ-reunion.fr/1180] avec Eglantine Samouth,; et le n° 43 de la revue IRIS (Université de Grenoble-Alpes) « Le corps augmenté : imaginaire et réalité » avec Françoise Sylvos et Christine Orobitg [https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=3302]. 

Alexandre Gefen

Fondateur de Fabula.org, il a été l’un des pionniers des Humanités Numériques en France (avec Guillemette Crozet, La littérature. Une infographie, CNRS Editions, 2022). Actuellement Directeur de Recherche au CNRS [unité « Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité »], il est historien des idées, théoricien de la littérature. Nourries par l’esthétique, ses recherches portent sur le pouvoir de la littérature (L’idée de littérature. De l’art pour l’art aux écritures d’intervention, Corti, 2021).

Pauline Hachette

Chercheuse associée aux centres d'études sur les médias, technologies et l'internationalisation (Cemti) et Fabrique du littéraire (Fablitt) de Paris 8, elle a produit de nombreux articles et numéros de revues (« Soulèvements sensibles. Corps et affects dans l’expérience de la violence », avec R. Huët, Socio, FMSH, 2022). Ses travaux transdisciplinaires portent sur l’écriture littéraire des émotions et de l’expérience sensible, sur l’éclairage qu’elle procure face aux crises sociales contemporaines (Sous le signe de la colère. Henri Michaux et Louis-Ferdinand Céline, Classiques Garnier, 2022).

Florence Pellegry

Maîtresse de conférences en études anglaises à l'Université de La Réunion (unité de recherche DIRE), Florence Pellegry est spécialiste de l'histoire sociale et culturelle du Royaume-Uni à l’époque victorienne et édouardienne. Elle travaille notamment sur l'histoire des femmes, sur les rapports de genre et sur l'histoire de la vie privée à travers le prisme des archives du London Foundling Hospital. Sa première monographie qui met ces archives de l'intime à l'honneur est prévue pour 2025. Depuis 2021, elle dirige Alizés, revue angliciste de La Réunion (https://alizes.univ-reunion.fr). Le numéro 44, prévu pour novembre 2024, aborde la question de l'éducation sexuelle dans le monde anglophone ( "Sex (Mis)Education in the English-Speaking World"). 

Lise Segas

Lise Segas, maîtresse de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne, est spécialiste de l’Amérique espagnole coloniale des XVIe et XVIIe siècles ainsi que de littératures latino-américaines. Membre du centre CHISPA (EA Ameriber), elle s’intéresse à l’histoire des femmes, au féminisme dans les arts et aux études de genre. Ses recherches actuelles se réorientent sur l’époque hyper-contemporaine et la Caraïbe colombienne, plus particulièrement sur la culture et la musique champeta, les activismes féministes populaires et les musiques dites urbaines engagées.

Françoise Sylvos

Directrice du centre DIRE (Université de La Réunion), elle étudie, dans une perspective de poétique des genres littéraires et d’histoire culturelle, les utopies françaises de la première moitié du XIXe siècle (L’épopée du possible ou l’arc-en-ciel des utopies, Champion, 2008) ainsi que des auteurs représentatifs du romantisme et de la décadence (Nerval ou l’antimonde, L’Harmattan, 1998). Elle s’est attachée au comique, au corps augmenté, aux littératures et sociétés de l’Océan Indien, notamment dans Gages d’affection, avec Florence Pellegry et Sandra Saayman, PUI, 2020).

 

 

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