séance octobre 2024Webinaire théorique et méthodologique du centre de recherches DIRE SERIE des EMISSIONS de la WE-BTV (Université numérique) : « LES RENDEZ-VOUS du SAVOIR » INSCRIPTION pour le public OBLIGATOIRE EN SUIVANT CE LIEN https://univ-reunion-fr.zoom.us/webinar/register/WN_rd8MaQI_TeOMESvjLulU4A
JOURNEE sur la RECHERCHE-CREATION "Au Royaume-Uni, la recherche-création est inhérente à la manière même d’enseigner les pratiques créatives que ce soit dans des conservatoires comme dans des universités d’art" (Aline Derderyan, "Danser et agir", thèse soutenue en novembre 2022, Rennes 2, Marie-Noëlle Semet-Haviaras dir.). La recherche-création est un mode de production du savoir combinant de manière indissociable la recherche et la création artistique. Elle implique une exploration approfondie d'un sujet, d'une question ou d'un concept, couplée à la production d'une œuvre artistique originale. Ainsi se crée un pont entre théorie et pratique. Contrairement aux approches traditionnelles de la recherche, elle ne sépare pas la production de connaissances nouvelles de la production d'œuvres d'art. Elle suppose de la part de l'artiste une recherche, qu'il s'agira d'intégrer à la création.
Prenons l'exemple de Thibaud Ruellan dont les performances théâtrales accréditent la thèse sur le théâtre humaniste comme rituel bachique ("Ressusciter le mystère", Thèse en cours à Ainx-Marseille, Tristan Vigliano (Université d’Aix-Marseille) et de Tiphaine Karsenti (EUR ArTec de Nanterre). Dans le domaine littéraire, la dimension informative et cognitive est souvent la trame de la création, comme l'atteste l'exemple poétique du vocabulaire rare et particulier permettant au lecteur de Boris Gamaleya de prendre connaissance des coutumes, de la faune et de la flore de La Réunion. "Une thèse en recherche-création est une synergie par laquelle une pratique artistique et une recherche théorique se nourrissent mutuellement" (Thibaud Ruellan).
Françoise SYLVOS, directrice de DIRE et coordinatrice du webinaire théorique et méthodologique
PROGRAMME 25 octobre 2025 – 17H00 [Heure de La Réunion]
- 16H30 – TESTS préalables au webinaire [uniquement pour les panélistes] - 17H00 – Françoise Sylvos, Présentation du webinaire - 17H05 – Jean-Erian Samson, introduction au rendez-vous du savoir sur la recherche-création - 17H15 - Stéphane Martelly, Les formes variées et tremblantes de la recherche-création - 17H40 – DISCUSSION (Lyne Hervey-Passée, doctorante à Limoges et à Paris VIII, écrivaine) - 17H50 - Mounir Allaoui, « Y a-t-il une méthode pour évaluer un travail dit artistique ? Le problème de l'objectivation de la valeur en contexte d'école art ». - 18H15 – DISCUSSION (Héloïse Thiburce, doctorante à Paris VIII, plasticienne) - 18H25 - Jean-Erian Samson, « L’hybridité comme espace fécond de résistance et de créativité » - 19H50 - DISCUSSION (Sylviane Rabetsarasaka, doctorante à DIRE, écrivaine) Clôture du WEBINAIRE - RESUMES "Les formes variées et tremblantes de la recherche-création" par Stéphane Martelly, Peintre, poétesse, enseignante-chercheuse, traductrice, Université de Sherbrooke En m'appuyant sur les travaux récents sur le domaine de la recherche-création au Canada, je brosserai un portrait de la discipline et de ses possibilités, en mettant l'accent sur les usages et modalités de ce domaine en pleine effervescence et sur son intérêt pour la création à l'université. Je prendrai ensuite le temps de présenter mon approche particulière de la recherche-création, depuis son apparition dans mes travaux de caribéniste / haïtianiste, mon écriture poétique, mes travaux en recherche collaborative et enfin mes réflexions critiques sur la marge, la folie et le poétique. Cette partie de ma présentation mettra en évidence ma conception de la recherche-création comme langage poétique, réflexion épistémique et approche critique, profondément reliée à ses différents contextes culturels. Quelques références bibliographiques Martelly, Stéphane, Les jeux du dissemblable, Nota Bene, 2026 Martelly, Stéphane, Murat-Ingels, Léa, Les rythmes de la poussière, Remue-Ménage, 2024
"Y a-t-il une méthode pour évaluer un travail dit artistique ? Par Mounir Allaoui, Enseignant-chercheur à l'ESAR du Port (Apilab) et chercheur associé à DIRE Le consensus quant aux critères d'évaluation des travaux des étudiant.e.s en école d’art n'est pas clairement explicité. Même s'il existe des critères d'évaluation ceux-ci ne sont pas fondés sur des notions telles que « l'erreur », « la faute », « l'illogisme de la proposition ». On peut cependant dire que certains de ces critères d'évaluation sont fondés sur l'idée d'une conformité culturelle, une certaine idée de l’art qui n’est pas précisément référencée (le corpus de références à utiliser n’est pas fermé, il est même très ouvert). On demande par exemple à ce que les travaux soient inscrits dans un contexte culturel maîtrisé par l'étudiant.e. Ce qui donne de la valeur est donc l'idée d’une conformité à une culture qui n’est pas imposée par la référence à un corpus précis. Mais cette idée n'englobe pas l'ensemble des critères, certains critères sont esthétiques et renvoient à la capacité de l'étudiant à proposer des travaux de « qualité ». La culture de l'étudiant.e bien qu'elle doive s'inscrire dans une certaine histoire de l'art, n'a pas à se conformer totalement aux contenus des cours, l'étudiant.e peut aller piocher dans des connaissances plus « personnelles ». La notion de « recherche personnelle » est déterminante, car le travail doit exprimer quelque chose de « personnel ». C'est ce quelque chose de « personnel » d'où peut émerger une « qualité » qui ne soit pas juste conforme à une attente culturelle, à une ressemblance à des œuvres déjà existantes. L'étudiant.e doit savoir s'approprier ses références et les dépasser afin de proposer un travail « personnel ». Les notions que je rappelle ici ne permettent a priori pas de dégager une méthode d'évaluation complètement objectivée de ce que propose l’étudiant.e. Les critères de « qualité » et de « personne » sont irréductibles à une valeur fondée sur une mesure qui donnerait sur un système de notation sans équivoque. On ne peut pas séparer les critères d'évaluation de l’imprégnation, par la personne, de l’expérience esthétique. Pourtant, il nous faut bien partir du principe qu'une méthode d'évaluation juste (sans trop d’équivoque) est possible, sinon il y a risque de soupçon de jugement de goût, autrement dit d'arbitraire du jugement ou de manque de précision du jugement. La question est donc de savoir comment juger avec justesse une proposition censée être à la fois conforme à une certaine attente culturelle, qui correspond aux goût d’un milieu artistique historiquement situé, et singulière (personnelle).
Bibliographie :
Kant Emmanuel, Critique de la faculté de juger, éd. Flammarion, 2015 Mounier Emmanuel, Le personnalisme, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, 2016 Nakai Masakazu, Introduction à l’esthétique, Presses du Réel, 2021 - "L’hybridité comme espace fécond de résistance et de créativité" par Jean Erian Samson, doctorant en recherche-création, Limoges, directeur de la revue DO-KRE-I-S L’enchevêtrement de plusieurs formes artistiques, créatrices et culturelles. Le croisement des récits intimes, qui se trouvent confrontés à d’autres expériences de vie entendues, qu’on nous raconte et plus tard qui trottent dans la tête. Qui nous bousculent. Nous galvanisent. Il s’agit d’interroger le processus de création au prisme de l’expérimentation des formes mixtes qui aboutirait à une œuvre nouvelle résistant au confort et au polissement incessant des instances qui tiennent leur légitimité dans la catégorisation et dans l’opacité des frontières entre les expériences créatrices. Une œuvre qui se placerait à la confluence de l’objectivité, de la subjectivité et du récit vivant. Comment penser un terrain où les pratiques artistiques telles poésie, musique, théâtre, danse, arts plastiques, performance, photographie… peuvent se rencontrer, dans une démarche transversale, et en faire émerger d’« intrépides engagements » ainsi qu’une manière nouvelle de voir le monde ? En ce sens que « […] l’hybridité serait alors pour nous [créoles] un mode de résistance, parce que l’hybridité de notre écriture [de notre art] cherche à faire correspondre l’éclatement de soi que nous vivons à celui du monde que nous espérons. » (Dawson, 2021). Quelques références biographiques Dawson Nicholas, Landry Pierre-Luc, Trudeau Beaunoyer Karianne, Se faire éclaté·e. Expériences marginales et écritures de soi, Éditions Nota bene, Indiscipline, 2021, 168 p. Eric Dayre, David Gauthier, L'art de chercher. L'enseignement supérieur face à la recherche-création, Éditions Hermann, 2020, 414 p. Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, Gallimard, 1993, 226 p. Homi K. Bhabha, Les lieux de la culture. Une théorie poscoloniale, Payot, 2019 Jean-Yves Tadié, Le récit poétique, Gallimard, 1994 Kate Zambreno, Dérives, Éditions la croisée, 2022 Nicholas Dawson, Marie-Claude Garneau, Savoir les marges : Écritures politiques en recherche-création, Les éditions remue-ménage, 2022, 175 p. Nicolas Roméas, Juste un mot. La Révolution du sensible, Éditions Parole, 2022, 172 p. Patrick Chamoiseau, Écrire en pays dominé, Gallimard, 1997 Rosso Karine, Dawson Nicholas, Nous sommes un continent. Correspondance mestiza, Éditions Triptyque, Difforme, 2021, 198 p Sandra Delacourt, L'Artiste-chercheur : Un rêve américain au prisme de Donald Judd, Éditions B42, 2019 Stéphane Martelly, Claudia Brutus, Comme un trait. Le fil d’or et d’argent, Mosaïque Interculturelle, 2022 Violaine Houdart-Merot, Anne-Marie Petitjean, La recherche-création littéraire, Éditions Peter Lang, 2021, 272 p. NOTICE DES PANELISTES - Françoise Sylvos, professeur des Universités en Lettres modernes à l'université de La Réunion, chercheuse et artiste, s'intéresse à la recherche dans sa dimension théorique et méthodologique. Une partie de ses activités pédagogiques et de recherche s'effectue désormais en recherche-création, à travers publications littéraires et sorties , lectures musicales. Elle invite à la lecture-écriture, une attitude préconisée par Julien Gracq pour qui l'acte de lecture est un préalable à la création littéraire.
- Stéphane Martelly est enseignante-chercheuse à l'Université de Sherbrooke, poétesse, peintre, écrivaine. Par une approche profondément transdisciplinaire qui fait se confronter théorie, réflexion critique et création, elle poursuit une démarche réflexive sur la littérature haïtienne contemporaine, sur les marginalités littéraires, sur les limites de l’interprétation et sur les possibilités épistémiques de la création.
- Mounir Allaoui plasticien, vidéaste (Moroni, Mhaza Kungumanga). est spécialiste du cinéma japonais, enseignant-chercheur à l'Ecole des Beaux-Arts du Port et à l'Université de La Réunion. Il dirige la revue
- Jean Erian Samson est doctorant en recherche création à l'Université de Limoges sur les revues littéraires d’avant-garde des années 1960 à 1980 à l’Ile de la Réunion Il est aussi poète, photographe, éditeur de la revue DO KRE I S, revue haïtienne des cultures créoles.
DISCUTANTES
Pour Stéphane Martelly :
- Lyne Hervey-Passée. Fréquemment primée, impliquée dans une approche artistique de la médiation culturelle, elle prépare une thèse de doctorat en recherche-création sur Thomas Paine à l’Université de Limoges et à l'université Paris 8 Vincennes.
Pour Mounir Allaoui :
Héloïse Thiburce est inscrite en en doctorat à l'Université Paris VIII, où elle étudie les conséquences du commerce maritime sur la migration végétale et sa valorisation à travers la création textile dans les îles austronésiennes.
Pour Jean Erian Samson :
- Sylviane Rabetsarazaka prépare une thèse de doctorat en recherche-création conçue à partir d'écrits d'Antonin Artaud. Elle est autrice (Le complexe d'Ombline, Les Impliqués, 2022). |
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